Funeste destin d'automne qui a ravi à La Seyne cinq de ses vieux serviteurs. Jean Cogordan, Louis Brémond, Paul Pratali, René Francheteau et Roger Miraglio nous ont quittés à quelques jours d'intervalle. Ils avaient tous en commun d'avoir consacré bien du temps de leurs vies à un engagement communal, politique, syndical, laïque ou mutualiste.
Paul Pratali avait cent ans. Garagiste de métier, il a été membre du club de moto-ball seynois. À 21 ans, il luttait contre les tentatives d'installer le fascisme en France et, en 1935, il militait pour l'élection de Jean Bartolini qui fut le premier député du Front populaire. Résistant, membre du Parti communiste français jusqu'en 1977, il fut élu municipal de 1945 à 1965, occupant la fonction de premier adjoint de Toussaint Merle en 1950. Il s'investit également dans le syndicat des commerçants et artisans et dans l'association des anciens combattants de la Résistance.
Roger Miraglio allait sur ses quatre-vingt dix ans. De commis à directeur de l'établissement toulonnais, il fit toute sa carrière à la Caisse d'Épargne, où il exerça également des responsabilités locales et nationales au sein du syndicat des agents et cadres de la banque. Socialiste SFIO, élu municipal dès 1947, lui qui était en désaccord avec la majorité communiste du conseil municipal admit, après la création du Parti socialiste, la nécessité de la constitution des premières listes d'union de la gauche à La Seyne et siégea comme maire-adjoint de Maurice Blanc en 1983.
René Francheteau, autre socialiste militant à la section des chantiers navals, au sein du CERES qui était alors "l'aile gauche" du parti, avait 83 ans. Il faisait partie de ceux qu'on appelait les "casques blancs", c'est-à-dire les agents des bureaux d'étude, techniciens et dessinateurs. Il militait à la CGT. Promoteur dès 1977 pour l'union des socialistes et des communistes, il fut adjoint au maire de Maurice Blanc. Syndicaliste, il fut aussi cheville ouvrière des Délégués départementaux de l'Éducation nationale.
Ancien combattant, Louis Brémond, est parti dans sa quatre-vingtième année le même jour que René Francheteau. Militant syndicaliste CGT aux chantiers navals où il exerçait à l'atelier de serrurerie, il fut aussi conseiller municipal de 1971 à 1985, sous les municipalités de Philippe Giovannini et Maurice Blanc. Administrateur de l'hôpital George-Sand, il s'investissait également en faveur de l'enfance handicapée. Homme de coeur, artiste peintre, il aimait à accueillir ses amis dans sa propriété rurale du centre Var.
Il me faut associer à ces hommages l'un des compagnons de lutte de ces anciens élus, Jean Cogordan, décédé à 84 ans, qui figurait sur la liste conduite par Maurice Paul en 1995. Militant constant de la CGT des chantiers navals, il était très investi dans le mouvement mutualiste au sein duquel il a œuvré toute sa vie, étant notamment administrateur de la Mutuelle de la Méditerranée et de l'UMGOS.
La Seyne d'aujourd'hui leur doit beaucoup.