Ce vendredi, inauguration à la Maison du patrimoine de l’exposition consacrée au célèbre caricaturiste seynois, Charly. Le propos que j’ai prononcé à cette occasion, pour saluer la mémoire de l’homme et son œuvre, et remercier l’impressionnante équipe de fonctionnaires communaux et de bénévoles passionnés qui ont mené à bien ce beau projet...
« A la veille de 2014, et avant la célébration de la "Grande Guerre", je vous propose de terminer 2013 en jouissant d'un petit moment de cette "Grande paix" qui règne encore, fort heureusement, dans un monde en proie à la violence et à la loi du plus fort. Paix, convivialité, "vivre ensemble"... c'est sans doute ce qui nous ramène le mieux à notre sujet.
« Il y a 30 ans, disparaissait Charles Arnaud, alias Charly. Un citoyen seynois qui, sous une allure faussement dilettante, et l'air de se promener dans l’existence, a porté un regard à la fois attentif, curieux, tendre et acéré sur tous les concitoyens qu'il croisait et qu'il croquait dans "République", comme on appelait à l'époque l’un des journaux locaux... "République". Pas qu'un journal. Tout un programme. Charly, si on y réfléchit, c'est un peu "la République provençale au quotidien". C'est une œuvre à la fois simple et profonde. Cette république bon enfant, un peu rêvée parfois, à la Pagnol, ou alors, avec César et Marius, un peu enjolivée, sur un coin d'un zinc, dans les vapeurs d'anisette... Anisette, car il y a eu l'amitié de Charly - comme Picasso ou Dali -, avec Paul Ricard... On remercie d'ailleurs sa Fondation d'avoir offert le verre de l'amitié... Franchement, avec la pub que Charly leur faisait, c'est bien le moins qu'ils pouvaient faire...
UN PATRIMOINE DE L'ÉPHÉMÈRE QUI IMPRÈGNE NOTRE DEVENIR
« En tout cas, pour toutes ces raisons et bien d'autres, c'est un bel événement patrimonial qui nous est offert aujourd'hui. Car La Seyne possède décidément un patrimoine d’une richesse exceptionnelle. Le patrimoine solide, les pierres, mais aussi un patrimoine plus éphémère, immatériel ou plus léger, mais qui n'imprègne pas moins notre vie de tous les jours, notre culture, nos personnalités, notre passé, et du coup, notre devenir. Enuméré rapidement, comme ça, cela sonne un peu comme une liste à la Prévert : La Navale, les fortifications et les soldats de l'an II, Bonaparte, l'envol de l'Aigle, Michel Pacha, bien sûr, et la... « balnéarité », Les Sablettes et Pouillon, le cœur de ville et ses ruelles, ses places, ses maisons, sans oublier le patrimoine naturel bien sûr, comme le domaine de Fabrégas qui est en train de renaître, véritablement... Patrimoine naturel que Charly a beaucoup célébré, vous verrez, en jouant avec le soleil, les animaux, la mer... Et il a su représenter, avec son sens si étonnant de l'observation, 1000 saynètes du quotidien : les marchés, les commerçants, les boulistes, les rugbymen, les pêcheurs, les gendarmes, les policiers, et toute une collection de lieux publics... sans jamais les transformer en lieux communs.
« Charles Arnaud est l'auteur d'une œuvre modeste et géniale qui fait de lui une sorte d'Albert Dubout varois, mais avec sa propre personnalité. Un artiste-artisan, un journaliste, un chroniqueur, un humoriste... et bien sûr, avant tout, un caricaturiste. Bref, Charly nous honore, honorons-le.
« Et grâce à lui, au fond, La Seyne devient tout à coup la modeste capitale (allez... le chef-lieu !) d'un territoire provençal qui s'étend nonchalamment de Marseille à Saint-Tropez, d'Aubagne à Toulon, d'Ollioules et La Ciotat, de Cavalaire à Sanary... Cette œuvre foisonnante, tellement humaine et attachante, resurgit de l'oubli, de temps en temps. En trente ans, on l'aura retrouvée à l’occasion de deux expositions, présentant quelque 70 dessins...
500 DESSINS... ET UN APPEL À CEUX QUI POSSÈDENT UNE ŒUVRE
« Ce n'était que l'infime partie visible de l'iceberg. Car la fille de Charles Arnaud, en 1983, a fait donation à la ville natale de son père de plus de 500 dessins !!!
« Cette incroyable donation-Charly est désormais bien protégée. Permettez-moi de m'attarder quelques instants sur ce point. Car ce qui se passe désormais, à partir de cette exposition, c'est, enfin, pour la première fois, un traitement scientifique, professionnel, de ce fonds. A la hauteur de ce qu'il représente pour la Ville. La donation a été inventoriée, versée aux archives municipales. Nombre d’originaux détériorés seront restaurés. La donation, j'insiste, sera consultable aux archives. Et ce n'est qu'un début. Car la production de Charly était telle que le fonds est évolutif. Et aujourd'hui, nous lançons un appel aux Seynois et, au-delà de notre ville, à toutes celles et ceux qui possèdent une œuvre. Apportez-les pour les faire numériser (elles vous seront rendues, bien sûr). Elles viendront enrichir le patrimoine public du Var et de la Provence !
« J'ai d'ailleurs écrit à tous les maires des villes concernées, leur indiquant que le fonds Charly est désormais accessible et public, et leur demandant bien entendu de nous aider à l'enrichir des œuvres que nous n'aurions pas encore. »
Remerciements...
« J'ai annoncé tout à l'heure qu'avec mon adjointe au patrimoine, Florence Cyrulnik, nous saluerions ensemble le travail et la créativité de l'équipe qui a travaillé sur cette exposition. Franchement, dans le délai imparti et avec les moyens modestes dont vous disposiez, ce que vous avez fait est magnifique !
Je voudrais d'abord dire merci à un collègue enseignant, Bernard Industri, prof d'histoire-géo à Toulon. Cher Monsieur, je sais que c'est vous. Avec Jean-Claude Autran, c'est vous qui êtes venu nous... titiller. Allez, disons-le, vous avez contribué directement à réveiller le Charly qui sommeillait un peu en nous. "A Bernard Industri, La Seyne reconnaissante !" on peut déjà imaginer la caricature de Charly. Merci à vous, très sincèrement et très simplement.
« Merci et bravo aux autres bénévoles... Jean-Claude, je l'ai cité... Jean Pellegrin ! J'aurais dû le citer en premier, puisqu’il est qui est lui-même parent de Charles Arnaud... Marc Quiviger, Jo Dechiffre, qui ont prêté leur concours avec leur attachement habituel à leur ville...
« Et je veux prendre le temps de saluer l'équipe de la Maison du patrimoine. Julie Castellani, qui a tout pris en main, avec Béatrice Tisserand, Isabelle Lidy, Colette Legrand, Fatiha Laffetas et Brigitte Picci...
« Christian Calabrese. Alors lui... C'est un formidable travail d'orfèvre qu'il a accompli. On lui doit, par exemple, le grand panneau "Trouver Charly", là derrière dans l’espace enfant. Et on ne l'arrête plus : il a inventé un jeu des sept familles Charly, et même un calendrier, je crois !
« Un merci aussi au jeune Florian Olivieri, qui a participé au travail d'écriture, à Christine Martineau-Augeard qui a maquetté un nombre incalculable de supports d'exposition et de communication...
« Et puis, l'équipe du service reprographie dirigé par Patrick Serre, et qui a réalisé de petits miracles (ils l'ont aussi fait pour tricoti-tricota d'ailleurs, sur les vitres de la mairie... Ils en font tout le temps des miracles, merci à eux !).
« Citons encore Alan Virot, notre nouveau chef des archives municipales, Julien Gomez-Estienne, conservateur du musée Balaguier, les services techniques, la menuiserie notamment... »