Oui, la Fondation Abbé-Pierre, qui vient de tirer une nouvelle fois le signal d'alarme du mal-logement, a bien raison de le faire.
On ne le sait guère, mais, en moins de 30 ans, les familles pauvres et modestes ont doublé la part de leurs revenus qu'elles consacrent au logement (de 23% à 47%). Et l'écart s'accroit avec les plus riches qui, de 20% de leurs moyens dédiés au logement en 1980, doivent aujourd'hui y consacrer 26% (+ 30% "seulement").
Chez nous, sur le littoral méditerranéen, en particulier, les prix du foncier, de l'immobilier et des loyers ont plus que doublé en dix ans. La location d'un logement HLM coûte un quart plus cher qu'en 2000. Et, lorsqu'on sait que, dans le même temps, l'inflation aura avoisiné les 20%, on mesure combien le pouvoir d'achat des ménages, notamment des plus humbles, est lourdement affecté, au-delà de la crise, par les politiques publiques du logement.
Et c'est un très mauvais calcul, à la petite semaine, comme on dit, car cela réduit d'autant le soutien que la consommation des autres biens, ceux des services ou des produits manufacturés, apporte à la croissance et à l'emploi.
On a besoin dans l'urgence d'un changement radical de politique dans le domaine du logement. Ce n'est pas pour rien que j'en ai fait un axe majeur de la politique que je veux mettre en oeuvre avec notre majorité municipale seynoise.
Malgré nos difficultés, avec notre Office Public d'HLM "Terres du Sud Habitat", et avec la SAGEM qui oeuvre pour les réhabilitations dans le centre ancien de la commune, nous poursuivons avec ardeur notre Programme de Rénovation Urbaine et nos opérations de lutte contre l'habitat ancien vétuste.
Sait-on que La Seyne est classée 3ème meilleur élève au plan national pour le taux de réalisation des objectifs de constructions imposés par la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain), avec... 841% de logements livrés ? (classement Libération)
Pour autant, malgré nos 5.000 appartements, nous ne parvenons pas à résorber une liste d'attente qui peine à passer sous la barre des 3.000 demandeurs, certains attendant une offre depuis plus de 10 ans ! 11.000 foyers sont dans cette situation au plan de l'agglomération Toulon Provence Méditerranée (TPM). Énorme et désolant !
Je ne le redirai jamais assez à mes collègues maires qui hésitent à faire de l'accès au logement un enjeu capital de leurs politiques locales : il ne faut pas avoir peur du logement social ; près de 8 foyers sur 10 y sont éligibles dans le Var ; les HLM d'aujourd'hui sont beaux, avec une haute qualité environnementale, relativement peu coûteux à la construction. Il faut faire un effort !
C'est pourquoi j'ai trouvé trop peu ambitieux le Programme Local de l'Habitat de TPM que les élus de La Seyne n'ont pas voté.
C'est pourquoi j'ai dit mon désappointement lorsque La Seyne, pourtant classée 1ère pour le dossier qu'elle a présenté au titre du Programme National de Rénovation des Quartiers Anciens Dégradés (PNRQAD), a été écartée du dispositif pour des raisons évidemment politiciennes.
C'est pourquoi aussi notre nouveau Plan Local d'Urbanisme, voté en décembre dernier, impose aux nouvelles constructions collectives un taux de 30% de logements sociaux.
Et c'est pourquoi, enfin, il faut que le Parti socialiste et ses partenaires de gauche et écologistes n'hésitent pas à proposer aux Français pour 2012 une politique courageuse et radicalement en rupture avec celle d'aujourd'hui. Il faut légiférer pour mettre un terme à la spéculation immobilière, supprimer les avantages fiscaux de la loi Scellier, taxer les plus-values immobilières de façon progressive, calculer l'impôt foncier sur la base la valeur vénale du bien, fonction du marché, et imposer comme à La Seyne les 30% de logements sociaux pour les opérations immobilières de plus de 5 logements, et même 35% pour les villes qui ne respectent pas la loi SRU.
8 millions de mal-logés en France au XXIe siècle, c'est inacceptable. Oui, la Fondation Abbé-Pierre, une nouvelle fois, a bien raison.