Monsieur le Premier Ministre n'en démord pas. Il nous l'a redit ce mardi dans le grand auditorium du Parc des Expositions de la Porte de Versailles, où nous sommes 15.000 maires rassemblés pour notre Congrès annuel. La taxe d'habitation sera bel et bien « supprimée » pour 80% des ménages, par dégrèvements successifs jusqu'en 2020, en commençant par les moins fortunés dès l'année 2018.
Alors, certes, il promet que l'État compensera au centime d'euro près cette perte de recettes pour nos communes. Pour La Seyne, qui perçoit environ 25 millions d'euros d'impôt sur l'habitation, couvrant le quart de ses dépenses, ce seront d'ici trois ans à peu près 16 millions d'euros que l'État devra nous allouer en lieu et place de nos ménages résidants.
À voir comment la suppression de la taxe professionnelle des entreprises en 2010 n'a pas été compensée malgré la promesse du gouvernement de M. Fillon, il faut avoir une sacrée dose de confiance dans la parole de M. Philippe, de même sensibilité politique que son prédécesseur, pour ne pas être inquiété pour le maintien de nos services publics communaux !
UN POURCENTAGE VARIABLE DE FOYERS « DÉGREVÉS ». BIZARRE...
Mais soyons beaux joueurs et admettons.
En revanche, ce qui est tout de même bizarre, c'est que, selon qu'une commune sera financièrement puissante ou misérable, le pourcentage de ménages « dégrevés » variera.
Dans la future métropole toulonnaise, si 83% des Toulonnais et 85% des Seynois bénéficieront de la mesure, seuls 65% des Revestois et 67% des Carqueirannais en tireront profit. Allez, même si ce n'est pas très égalitaire au sens républicain, considérons que ces communes accueillent plus de foyers aisés qui peuvent s'acquitter encore de cet impôt.
UN FAIT GÉNÉRATEUR D'INÉGALITÉ ANTICONSTITUTIONNELLE ENTRE COMMUNES
Mais, si l'on prend le problème à l'envers, ça signifie que les maires du Revest et de Carqueiranne ont bien moins de souci à se faire que ceux de La Seyne et de Toulon pour le devenir de leurs missions publiques si, d'aventure, l'État, comme il l'a toujours fait jusqu'à présent, renonce petit à petit à compenser la taxe supprimée.
Moi, j'appelle ça un fait générateur d'inégalité. Une inégalité entre communes qui pourront plus ou moins exercer leur droit constitutionnel à s'administrer librement, selon qu'elles sont riches ou pauvres. Et j'aimerais bien savoir ce que vont en penser les Sages du Conseil constitutionnel... dont la mission est de taper sur les doigts de ceux qui dérogent aux principes d'une République une et indivisible...
Bien sûr, tant mieux pour les 85% de Seynois qui vont gagner en pouvoir d'achat, en espérant qu'ils seront « proxi-citoyens » en consommant auprès de nos commerces locaux qui en ont bien besoin.
Mais les 15% de Seynois qui continueront à être imposés ne vont pas manquer, lorsqu'on aura dû réduire les offres de services publics communaux, de râler à juste titre de devoir encore payer — et on paye beaucoup à La Seyne – tout en ayant moins de sport, de culture, de loisirs, d'éducation, de solidarité, d'appui aux seniors, de qualité de vie. Bonjour l'ambiance harmonieuse au sein de notre communauté locale !