Le titre de cet article aura sûrement étonné mes visiteurs. Mais vous allez comprendre où je veux en venir...
Beaucoup de monde était rassemblé samedi soir sur la place Bourradet, en coeur de ville, pour l'inauguration de la Maison du Patrimoine et de l'Image. Le projet d'acheter et réhabiliter cet édifice en bien piteux état date de 1995, lorsque Marie-Claude Dufour, alors adjointe au maire Maurice Paul, lui proposa d'acquérir en vue d'une réhabilitation cette très vieille maison qui abritait du logement indigne et deux petits commerces, tout comme une autre construction voisine qui va devenir dans les prochains mois la Maison de l'Habitat, et une autre, rue Louis-Blanqui, qu'elle souhaitait dédier à un accueil de femmes en difficulté.
Il aura fallu plus de 15 ans pour qu'un premier volet de cet ensemble d'opérations voit le jour. Et heureusement que les trois maires successifs qui s'y sont attelés ont eu de la suite dans les idées !
Pour en savoir plus sur le projet dédié à cette splendide bâtisse, je vous inviterai à lire plus bas le discours que j'ai prononcé avant de couper le ruban.
Je veux simplement, dans l'immédiat, vous faire part d'une réflexion que j'ai formulée au cours de mon allocution, qui n'était pas prévue, mais que je me devais de partager avec les très nombreuses personnes qui avaient répondu à notre invitation.
Car, si cette réalisation a pu voir le jour, c'est grâce à une implication partenariale croisée entre plusieurs collectivités : outre la Ville, le financement a été partagé entre la Région Provence Alpes Côte d'Azur, le Département du Var et la Communauté d'Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Ce montage financier a permis de ramener la part de la commune à 20% seulement. En clair, sans les autres, les finances communales n'auraient pas pu supporter la charge de cette réalisation.
Et, là où le bât blesse, c'est que la réforme des collectivités que le Président de la République et le Gouvernement veulent à tout prix faire passer interdira aux Régions et aux Départements de disposer des compétences volontaires qu'elles se sont donné, et donc, par exemple, de soutenir ce type de projet.
L'État s'acharne à détruire la décentralisation, au mépris même de la Loi qui stipule que les collectivités s'administrent librement. C'est dramatique. Pour nos enfants, ce sera moins de financement pour nos écoles, nos collèges et nos lycées. Pour nos aînés, ce sera moins d'accompagnement du grand âge et de la dépendance. Pour nos entreprises et nos emplois, moins de soutien face à la mondialisation.
La réforme territoriale doit améliorer la démocratie locale, pas la casser !
Comme dans des centaines d'autres communes, nous préparons pour samedi 25 septembre au matin, devant la mairie, un moment citoyen dans le cadre d'une opération nationale "Défendons nos territoires". Nous avons besoin du soutien de nos concitoyens. Rejoignez-nous nombreux !
> Mon allocution :
"Aujourd’hui, à La Seyne-sur-Mer, le patrimoine a sa maison.
"Nous l’avons vu avec Florence, notre adjointe au Patrimoine et à la Culture, cette Maison est désormais Maison du Patrimoine et de l’Image. Bientôt, une autre rénovation complètera cet ensemble avec la Maison de l’Habitat.
"Nous continuons d’avancer en préservant les traces les plus lointaines du passé de La Seyne. Et, plus encore, en préservant ces traces évocatrices de l’histoire, nous réussissons peu à peu redynamiser le cœur de ville en y ouvrant de nouveaux lieux de vie. En lien avec tous les habitants, en lien avec le tissu associatif et commerçant, en lien avec les efforts volontaristes de mon équipe en matière d’accession au logement, en matière de lutte contre l’habitat indigne. La qualité de ville, de vie en ville, fait de grands pas.
"Aujourd’hui, un petit voyage dans le temps s’impose : cette maison, donc, avait été édifiée aux alentours de 1620, sur les terres basses, au bord de l’ancienne darse creusée avant le XVIIè siècle et servant d’abri aux bateaux par temps fort car très abritée des vents dominants dans la rade (certainement le point le plus abrité), tout au bout de l’ancien grand môle.
"Il semble que ces maisons ont dû appartenir à de prestigieux anciens, mais leur occupation a, semble-t-il, toujours été modeste, certainement locative ou maison de commerçant. Elles ont été remaniées fortement au XIXè siècle, avec la création de petits logements aux étages, la toiture surélevée et consolidée avec des pièces de charpente marine.
"Je remercie l’architecte Véronique Wood d’avoir su sauver ces infimes et majestueuses traces de la vie d’antan pour qu’aujourd’hui cette maison nous parle. Je remercie tout autant les partenaires ayant permis ce projet, car il a été réalisé dans le cadre de la requalification du centre ancien et selon une convention publique d’aménagement avec la SAGEM. La Région PACA, le Conseil Général du Var et TPM étant partenaires.
"Cette maison rénovée, c’est un pan de mémoire renfloué et vivant à nouveau. C’est pourquoi nous souhaitons vivement mettre ces locaux à disposition des associations patrimoniales seynoises. Si je reprends les termes du ministère, cela colle (pour une fois) parfaitement avec les objectifs définis : mettre en mémoire des destins communs, faire dialoguer l’homme et le lieu, valoriser celles et ceux qui donnent de leur temps et de leur passion pour préserver les traces de l'histoire. Rencontres, échanges, mise en réseau pour renforcer l’identité et la mémoire collective, pour acquérir des techniques, pour sauvegarder et créer des documents sonores et visuels. En un mot créer un espace ressources pour la valorisation du patrimoine sous toutes ses formes.
"En effet, le patrimoine, c’est aussi la tradition orale et l’immatériel et il est nécessaire de conserver des archives audiovisuelles – sons et images – d’évènements divers, de rites, de cérémonies, de vie artisanale, ouvrière, patronale, culturelle, un folklore au sens propre du terme : la science des traditions, des us et coutumes et des productions culturelles non matérielles d'un groupe sociétal.
"La Maison de l'Image est donc ouverte aux associations proposant des activités liées à l'écriture audiovisuelle, à la lecture et à la compréhension critique et raisonnée des images. C’est ce que vont mettre en pratique très prochainement - à partir d’aujourd’hui même, je crois - les ateliers de l’image en proposant des séances de ciné-club, des ateliers de montage vidéo allant de l’art simple du montage de films amateurs à la formation à la réalisation de films, depuis l’écriture jusqu'au montage.
"La Maison du Patrimoine a pour vocation de générer de nouvelles initiatives en faveur de la connaissance, de la valorisation et de la restitution de l’histoire et du patrimoine du territoire aux différents publics.
"Et je tiens à souligner que désormais cette Maison doit permettre de renforcer le lien entre les habitants et les différents quartiers de notre ville mais répondra également aux besoins pratiques des publics scolaires, des centres aérés, des visiteurs, des touristes ...
"Car l'éducation (aux arts et) à la culture est un enjeu de formation et d’ouverture d’esprit essentiel pour les enfants et les adolescents
"Cette Maison du Patrimoine et de l’Image devient le creuset, l’atelier commun des acteurs patrimoniaux du territoire et de services communaux. C’est un lieu de brassage des connaissances, des projets et des initiatives de valorisation de notre ville.
"Entendons-nous bien : ce nouvel équipement proposera donc, au gré d’une programmation régulière, une série de manifestations culturelles - expositions, conférences, débats, ateliers, projections - émanant des partenaires associatifs, de la Direction municipale Culture-Patrimoine ou de tout autre acteur du champ patrimonial : les associations partenaires (comme les ateliers de l’Image animés par Nathalie Trezza), les archives municipales, le musée de Balaguier, l'Ecole des Beaux-Arts, la bibliothèque théâtrale installée prochainement sur la place Martel Esprit.
"Je tiens à saluer le travail remarquable qui vous est déjà proposé, ce « Regard sur le bagne » de Dominique Darbois en partenariat avec le musée Ernest Cognacq à St Martin de Ré. Cette exposition est l’initiative du Musée de Balaguier et fait suite à « Les Artistes du Bagne » encore ouvert à la visite. Et je vous invite par ailleurs à découvrir La Seyne et toutes ses richesses à travers les nombreuses possibilités de visite sur notre commune lors de ces journées du Patrimoine.
"Ce matin je me suis promené dans les allées de Balaguier parmi toutes les essences de son jardin, puis à l’Eguillette, sans oublier des amis de Savoie que j’ai emmenés tout en haut du Pont et qui tombent, chaque fois qu’ils me rendent visite, un peu plus amoureux de notre ville et de son caractère.
"Soyez, tous, services de la ville, associations, partenaires institutionnels et autres, remerciés de votre implication. Et bonnes journées du Patrimoine à tous."