28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 03:58

Ce dernier vendredi, c'était la « fête de la Navale » sur le site de nos anciens chantiers. Une fête, contraintes budgétaires obligent, qui n'a pas revêtu les beaux atours des années passées, mais qui a réuni à la fois des centaines d'écoliers ayant bénéficié des « classes de découverte "Navale" » que nous avons initiées il y a trois ans en partenariat avec l'Education nationale et les associations « d'anciens » des chantiers navals, et, justement, ceux qui ont travaillé dans notre site industriel jusqu'à la fin des années 1980, en présence de la population et de représentants de la communauté arménienne de la région, car, outre les remises de récompenses aux enfants, l'événement a été l'occasion d'inaugurer une nouvelle "borne" de notre parcours de mémoire de l'industrie navale sur notre parc urbain littoral.

Une borne dédiée, au travers notamment d'un Arménien immigré qui a travaillé ici avant de laisser sa vie dans la lutte contre le nazisme, Missak Manouchian, et d'un cadre d'industrie, Henri Veyssière, à la mémoire de la Résistance au sein de nos chantiers.

J'ai prononcé un discours à l'occasion de cette cérémonie poignante de convivialité entre les générations...

 

« Mesdames, Messieurs, Chers amis,

« Merci de votre invitation à cette cérémonie d'hommage, un hommage à ce qui, vous le savez, me tient particulièrement à coeur dans notre héritage historique : l'esprit de résistance, avec sa phase de combat sans concession, contre la haine, le racisme, la dictature, avec son volet non moins important de construction, ensemble, comme l'a fait le Conseil National de la Résistance, d'un avenir meilleur, plus juste, plus fraternel.

« Oui, vous avez bien raison, Missak Manouchian et Henri Veyssière, furent deux beaux symboles de cette période tragique et glorieuse de l'histoire de notre peuple, et particulièrement de l'histoire ouvrière, et particulièrement de l'histoire de la Navale à La Seyne.

« Et quel symbole, bien sûr, aussi, que ce jour : ce jour de fête des "classes de la navale", journée idéale pour marquer ce moment grave mais aussi joyeux et plein d'optimisme.

« Merci évidemment à vous, les associations d'anciens des chantiers, AMIANS ET CRCN, et au Parti communiste français, d'avoir donné à la Ville, en ce lieu, cette nouvelle borne au chemin de la mémoire du Parc de la Navale.

« Merci de cette action inlassable que vous menez, pour renouer les fils de nos héritages, pour transmettre cette mémoire vive aux jeunes générations.

« Merci, oui, car c'est bien cela le symbole de cette cérémonie à laquelle je suis heureux de participer à vos côtés. C'est celui de l'espoir, du courage, de la lutte… de la vie.

« Mouvements communistes comme les MOI-FTP de Manouchian, et mouvements gaullistes, ou venus d'autres horizons, la Résistance a été le creuset d'une union nationale, d'une union patriotique qui n'avait rien de sectaire, d'étriqué, et encore moins de xénophobe.

« Permettez-moi, avant de conclure, d'évoquer quelques mots, quelques termes, qui constituent à leur manière un pont bien réel et tangible entre le passé que nous évoquons, l'Histoire, et la vie d'aujourd'hui :

« La Résistance : oui, aujourd'hui encore, en Grèce, en Espagne, au Portugal, ici aussi, résistance à la fatalité d'une société inégalitaire qui voudrait écraser encore les plus démunis, et au-delà, toutes celles et tous ceux qui ne vivent que par leur travail, avec à l'opposé, une infime minorité accaparant pouvoirs et richesses.

« La lutte : oui, les mouvement populaires actuels de mobilisation montrent qu'il ne faut jamais rien lâcher contre des politiques d'austérité et de recul social. Une réponse bien naturelle, et indispensable, à ceux qui tentent de nous faire croire qu'une société déréglementée pourrait représenter un quelconque avenir !

« La fraternité : oui, le sigle "M.O.I". qu'arbore fièrement le groupe Manouchian, le groupe de la terrible "Affiche rouge" placardée partout par les nazis pour agiter la peur et la haine, signifie, vous l'avez rappelé, "Main d'oeuvre immigrée". Là encore, l'élan de fraternité et de combat, pour que cesse ce rejet d'une partie de l'humanité - "une part de notre humanité", devrais-je préciser -, partie de l'humanité que nos sociétés ont elles-mêmes contribué à jeter dans la misère, la guerre, le désespoir, la dictature et l'obscurantisme…

« La République : oui, incarnée dans ce qu'elle a de meilleur, par ce poète français, étranger d'origine, Arménien, notre compatriote, passé par nos chantiers navals, ou la République incarnée par ce cadre d'industrie courageux… la République que nous aimons, représentée par toutes ces forces productives d'humanité dont vous êtes, vous aussi, aujourd'hui et ici, de vrais et tellement actifs représentants.

« Merci à vous de cette initiative, merci à celles et ceux qui sont là pour cet événement, les enfants et les adultes qui les entourent, merci de tout ce vous faites et ce que vous avez fait pour cette ville qui, à travers vous, honore ceux qui sont tombés au combat pour l'indépendance de notre pays, la liberté, l'égalité et la fraternité.

« Vive la République ! Vive la France ! Vive La Seyne ! Vive vous ! »

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois
21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 03:01

Pourtant, rien ne les y oblige. Mais les Pescadous de La Verne et de Fabrégas, association créée à l'origine pour la sauvegarde et l'entretien des cales de halage des pointus des anses de La Verne et de Fabrégas dont quelques-uns des membres bénéficient d'une autorisation de l'État d'occupation du domaine maritime littoral pour remiser leurs "pointus", aujourd'hui forte d'environ 130 adhérents dont une quinzaine très investis dans ses instances dirigeantes, a une fois de plus manifesté ces derniers jours l'intérêt qu'elle porte à la promotion de cet étonnant patrimoine seynois auprès de nos concitoyens et de nos visiteurs.

Rien ne les oblige, en effet, à organiser bénévolement des promenades en mer sur leurs petits bateaux traditionnels, à la découverte des côtes découpées de nos anses jusqu'au Cap Sicié et aux îlots des Deux Frères. Pas plus qu'à accueillir adhérents et vacanciers, pour des temps de convivialité et de loisirs, dans la pinède d'un centre de vacances aimablement mise à leur disposition par une autre association, celle des amis de l'école laïque de la ville de Die.

 

Et dire que ces gens-là ont à subir une pétition de "riverains" m'enjoignant de faire disparaître les fameuses cales de halage traditionnelles qu'ils entretiennent et valorisent avec abnégation et passion depuis des années, et qui seraient subitement devenues une gêne ou, pire, un danger !

C'est pourquoi notre présence, ce dimanche à leur sympathique et instructive manifestation, avec mes adjoints Joëlle Arnal, Jocelyne Léon et Eric Marro, et Riad Gharbi, conseiller municipal, ainsi qu'avec Nathalie Bicais, conseillère municipale de la minorité et conseillère départementale, est à lire comme un témoignage de soutien aux "Pescadous" et à leur belle œuvre.

Tout comme l'a été notre choix de mise en valeur, il y a deux ans, de cette structure portuaire originale, dans le cadre du film "La Seyne, la ville aux douze ports" réalisé dans le cadre du concours "Mémoire des ports de la Méditerranée" (La Verne-Fabrégas à partir de 8 mn 13 s).

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois
4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 10:31

http://sionjf.free.fr/amians/images/Acceuil.pngDepuis 2009, année où l’AMIANS, association des anciens travailleurs de la Navale, a organisé pour la première fois, en partenariat avec la Ville, le "passage de la porte des chantiers", à l'occasion de la fête de La Seyne, nombre d’événements importants relatifs la mémoire de La Navale se sont produits : la mise en place d'un "chemin de la mémoire" jalonnant les allées du le Parc de La Navale, l’édification d'un monument en souvenir des générations et la mémoire de la construction navale, l'édition d'une dépliant historique et pédagogique réalisé par les soins de l’association... Ils ont accompli tout cela, non pas tournés vers eux-mêmes, avec nostalgie, mais au contraire, avec beaucoup d'altruisme et avec comme première préoccupation l'avenir de votre ville. Et cela les honore.

 

L'HÉRITAGE DE "LA NAVALE" TRANSMIS AUX ÉCOLIERS

L'année 2013, de ce point de vue, sera à marquer d'une pierre blanche. En effet, à leur initiative, et au-delà de leurs missions sociales et solidaires, a été mis en place avec l’Éducation Nationale un dispositif inédit dans notre ville. Il permet depuis novembre dernier de transmettre aux jeunes générations, de manière vivante et interactive, la mémoire et la connaissance de la grande aventure de la construction navale. Une salle de la "porte principale" des chantiers a été aménagée par les services communaux pour accueillir les classes et une employée du service du patrimoine est en partie affectée à cette activité.

La transmission de "l'héritage de La Navale" aux écoliers permet chaque fois de rappeler la naissance de La Seyne, bien avant qu'elle devienne une commune indépendante de Six-Fours, sous Louis XIV. Cette passation de savoir resitue leur propre expérience dans le continuum historique de notre ville. Et pour cela aussi, la ville leur doit beaucoup.

 

UN PATRIMOINE INDUSTRIEL VIVACE

D'ailleurs, un certain nombre de faits économiques récents attestent de la vivacité et de l'actualité de ce patrimoine naval et maritime, que l’AMIANS valorise à juste titre : l'émergence d'un pôle de compétitivité mer avec La Seyne comme base maritime, l’arrivée du chantier d'entretien et de réparation Monaco Marine, la perspective, dans la rade, d'une filière de déconstruction de navires, mettant en mouvement des filières industrielles et des savoir-faire issus de la construction navale... Et tout cela vient s'ajouter au potentiel industriel, de recherche, de formation liés à la mer que La Seyne possède et qu'elle doit, plus que jamais, défendre et développer.

Tous ces efforts aboutiront, je n'en doute pas, à la réalisation future d'un véritable espace de mémoire de La Navale. Un espace qui, quelle que soit sa forme finale, sera essentiel pour l'attractivité de notre ville, pour les générations futures comme pour les nouveaux habitants et les visiteurs, de plus en plus férus d'histoire industrielle et technologique.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois
21 décembre 2013 6 21 /12 /décembre /2013 05:54

http://marius.autran.pagesperso-orange.fr/img/histoire_locale/charly.jpgCe vendredi, inauguration à la Maison du patrimoine de l’exposition consacrée au célèbre caricaturiste seynois, Charly. Le propos que j’ai prononcé à cette occasion, pour saluer la mémoire de l’homme et son œuvre, et remercier l’impressionnante équipe de fonctionnaires communaux et de bénévoles passionnés qui ont mené à bien ce beau projet...

« A la veille de 2014, et avant la célébration de la "Grande Guerre", je vous propose de terminer 2013 en jouissant d'un petit moment de cette "Grande paix" qui règne encore, fort heureusement, dans un monde en proie à la violence et à la loi du plus fort. Paix, convivialité, "vivre ensemble"... c'est sans doute ce qui nous ramène le mieux à notre sujet.

« Il y a 30 ans, disparaissait Charles Arnaud, alias Charly. Un citoyen seynois qui, sous une allure faussement dilettante, et l'air de se promener dans l’existence, a porté un regard à la fois attentif, curieux, tendre et acéré sur tous les concitoyens qu'il croisait et qu'il croquait dans "République", comme on appelait à l'époque l’un des journaux locaux... "République". Pas qu'un journal. Tout un programme. Charly, si on y réfléchit, c'est un peu "la République provençale au quotidien". C'est une œuvre à la fois simple et profonde. Cette république bon enfant, un peu rêvée parfois, à la Pagnol, ou alors, avec César et Marius, un peu enjolivée, sur un coin d'un zinc, dans les vapeurs d'anisette... Anisette, car il y a eu l'amitié de Charly - comme Picasso ou Dali -, avec Paul Ricard... On remercie d'ailleurs sa Fondation d'avoir offert le verre de l'amitié... Franchement, avec la pub que Charly leur faisait, c'est bien le moins qu'ils pouvaient faire...  

 

UN PATRIMOINE DE L'ÉPHÉMÈRE QUI IMPRÈGNE NOTRE DEVENIR

 « En tout cas, pour toutes ces raisons et bien d'autres, c'est un bel événement patrimonial qui nous est offert aujourd'hui. Car La Seyne possède décidément un patrimoine d’une richesse exceptionnelle. Le patrimoine solide, les pierres, mais aussi un patrimoine plus éphémère, immatériel ou plus léger, mais qui n'imprègne pas moins notre vie de tous les jours, notre culture, nos personnalités, notre passé, et du coup, notre devenir. Enuméré rapidement, comme ça, cela sonne un peu comme une liste à la Prévert : La Navale, les fortifications et les soldats de l'an II, Bonaparte, l'envol de l'Aigle, Michel Pacha, bien sûr, et la... « balnéarité », Les Sablettes et Pouillon, le cœur de ville et ses ruelles, ses places, ses maisons, sans oublier le patrimoine naturel bien sûr, comme le domaine de Fabrégas qui est en train de renaître, véritablement... Patrimoine naturel que Charly a beaucoup célébré, vous verrez, en jouant avec le soleil, les animaux, la mer... Et il a su représenter, avec son sens si étonnant de l'observation, 1000 saynètes du quotidien : les marchés, les commerçants, les boulistes, les rugbymen, les pêcheurs, les gendarmes, les policiers, et toute une collection de lieux publics... sans jamais les transformer en lieux communs.   

« Charles Arnaud est l'auteur d'une œuvre modeste et géniale qui fait de lui une sorte d'Albert Dubout varois, mais avec sa propre personnalité. Un artiste-artisan, un journaliste, un chroniqueur, un humoriste... et bien sûr, avant tout, un caricaturiste. Bref, Charly nous honore, honorons-le.

« Et grâce à lui, au fond, La Seyne devient tout à coup la modeste capitale (allez... le chef-lieu !) d'un territoire provençal qui s'étend nonchalamment de Marseille à Saint-Tropez, d'Aubagne à Toulon, d'Ollioules et La Ciotat, de Cavalaire à Sanary... Cette œuvre foisonnante, tellement humaine et attachante, resurgit de l'oubli, de temps en temps. En trente ans, on l'aura retrouvée à l’occasion de deux expositions, présentant quelque 70 dessins... 

 

500 DESSINS... ET UN APPEL À CEUX QUI POSSÈDENT UNE ŒUVRE

 « Ce n'était que l'infime partie visible de l'iceberg. Car la fille de Charles Arnaud, en 1983, a fait donation à la ville natale de son père de plus de 500 dessins !!!

« Cette incroyable donation-Charly est désormais bien protégée. Permettez-moi de m'attarder quelques instants sur ce point. Car ce qui se passe désormais, à partir de cette exposition, c'est, enfin, pour la première fois, un traitement scientifique, professionnel, de ce fonds. A la hauteur de ce qu'il représente pour la Ville. La donation a été inventoriée, versée aux archives municipales. Nombre d’originaux détériorés seront restaurés. La donation, j'insiste, sera consultable aux archives. Et ce n'est qu'un début. Car la production de Charly était telle que le fonds est évolutif. Et aujourd'hui, nous lançons un appel aux Seynois et, au-delà de notre ville, à toutes celles et ceux qui possèdent une œuvre. Apportez-les pour les faire numériser (elles vous seront rendues, bien sûr). Elles viendront enrichir le patrimoine public du Var et de la Provence !

« J'ai d'ailleurs écrit à tous les maires des villes concernées, leur indiquant que le fonds Charly est désormais accessible et public, et leur demandant bien entendu de nous aider à l'enrichir des œuvres que nous n'aurions pas encore. »

 


Remerciements...

« J'ai annoncé tout à l'heure qu'avec mon adjointe au patrimoine, Florence Cyrulnik, nous saluerions ensemble le travail et la créativité de l'équipe qui a travaillé sur cette exposition. Franchement, dans le délai imparti et avec les moyens modestes dont vous disposiez, ce que vous avez fait est magnifique !

Je voudrais d'abord dire merci à un collègue enseignant, Bernard Industri, prof d'histoire-géo à Toulon. Cher Monsieur, je sais que c'est vous. Avec Jean-Claude Autran, c'est vous qui êtes venu nous... titiller. Allez, disons-le, vous avez contribué directement à réveiller le Charly qui sommeillait un peu en nous. "A Bernard Industri, La Seyne reconnaissante !" on peut déjà imaginer la caricature de Charly. Merci à vous, très sincèrement et très simplement.

« Merci et bravo aux autres bénévoles... Jean-Claude, je l'ai cité... Jean Pellegrin ! J'aurais dû le citer en premier, puisqu’il est qui est lui-même parent de Charles Arnaud... Marc Quiviger, Jo Dechiffre, qui ont prêté leur concours avec leur attachement habituel à leur ville...

« Et je veux prendre le temps de saluer l'équipe de la Maison du patrimoine. Julie Castellani, qui a tout pris en main, avec Béatrice Tisserand, Isabelle Lidy, Colette Legrand, Fatiha Laffetas et Brigitte Picci...

« Christian Calabrese. Alors lui... C'est un formidable travail d'orfèvre qu'il a accompli. On lui doit, par exemple, le grand panneau "Trouver Charly", là derrière dans l’espace enfant. Et on ne l'arrête plus : il a inventé un jeu des sept familles Charly, et même un calendrier, je crois !

« Un merci aussi au jeune Florian Olivieri, qui a participé au travail d'écriture, à Christine Martineau-Augeard qui a maquetté un nombre incalculable de supports d'exposition et de communication...

« Et puis, l'équipe du service reprographie dirigé par Patrick Serre, et qui a réalisé de petits miracles (ils l'ont aussi fait pour tricoti-tricota d'ailleurs, sur les vitres de la mairie... Ils en font tout le temps des miracles, merci à eux !).

« Citons encore Alan Virot, notre nouveau chef des archives municipales, Julien Gomez-Estienne, conservateur du musée Balaguier, les services techniques, la menuiserie notamment... »

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois
9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 05:53

http://www.chars-francais.net/new/images/stories/photos/fcm-1a_02.jpgLe directeur des Archives départementales du Var a donné son accord. La Seyne, à ce jour seule commune du Var à avoir répondu à l'appel de l'opération européenne "La Grande Collecte", va pouvoir recueillir, pour les numériser ou les faire photographier avant de les restituer, les objets témoins de la "Grande Guerre" que nombre de familles conservent chez elles : lettres du front, cartes postales de soldats, photographies, documents et objets divers. C'est une démarche originale et active dont j'ai exposé le principe dans un précédent article, partant de l'idée selon laquelle plus on agira sur la connaissance et la mémoire, plus on parviendra à une élévation des consciences pour prévenir les grandes boucheries que sont les guerres.

 

DES MOBILISÉS À L'EDEN-THÉÂTRE AU CHAR LOURD "TYPE LA SEYNE"...

Il est sûrement des familles de chez nous qui peuvent conserver, dans un grenier ou au fond d'un tiroir, des objets témoins des événements d'il y a un siècle. Peut-être dispose-t-on de photographies du collège des Maristes transformé en hôpital militaire, du rassemblement à l'Eden-Théâtre, sur la place de la Lune, des soldats mobilisés rejoignant les militaires d'active, de la caserne de La Gatonne en effervescence à l'heure de la mobilisation ?

Peut-être a-t-on des témoignages sur le capitaine René Carmille, Seynois d'adoption installé dans sa propriété des "Charmilles", devenu général à l'issue de la guerre, puis résistant exécuté par les nazis en 1944 ? Peut-être dispose-t-on d'objets de mémoire de la construction des navires avisos aux chantiers navals qui, pour la terrible circonstance, diversifièrent leurs activités pour l'industrie de guerre : artillerie, projectiles, chevaux de frise, et le fameux char lourd FCM1A dit "de type La Seyne", commandé aux "Forges et Chantiers de Méditerranée" en 1916, dont les essais ont été réalisés en 1917 aux Sablettes, et livré à la fin de la guerre ?

 

... À LA CARTE POSTALE D'UN POILU SEYNOIS ADRESSÉE À SA FAMILLE

Peut-être retrouvera-t-on dans quelque vieille armoire de famille des écrits de Joseph Julien, Philémon Zunino ou Alexandre Maurel, ces soldats seynois du XVème corps d'armée, dont les témoignages ont permis, plusieurs années après la guerre, de réhabiliter Marius Marcel, l'un de ces mobilisés au 7ème Colonial, originaire de Carcès, fusillé pour l'exemple comme plusieurs centaines de ses camarades pour avoir soi-disant fui le front ?

Et peut-être, dans quelque vieille commode héritée, trouvera-t-on simplement une missive malhabilement rédigée à la hâte par un ancien de la famille à l'intention des siens qui l'ont vu partir de Provence, à l'instar de celle de mon arrière-grand-oncle qui écrivait à sa jeune épouse "Je pense bien que dans 30 jours, je serai de retour" et qui, cinq semaines plus tard, mourait pour la France dans l'enfer du front belge ?

Merci à Isabelle et Alain, les responsables du service des Archives communales qui, sur rendez-vous, du 12 au 15 novembre, accueilleront les Seynois et nos voisins qui auront "farfouillé" pour retrouver ces précieux objets témoins des effroyables années de la "der des ders", pour les sauver de l'oubli en alimentant un fonds européen accessible en ligne. Et contribuer, par l'acte de mémoire, à ce que le Monde ne connaisse plus jamais ça.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois
22 octobre 2013 2 22 /10 /octobre /2013 05:02

http://linepassions.free.fr/Photo-du-jour/12/12-07_Ciel-d-orage.jpgFuneste destin d'automne qui a ravi à La Seyne cinq de ses vieux serviteurs. Jean Cogordan, Louis Brémond, Paul Pratali, René Francheteau et Roger Miraglio nous ont quittés à quelques jours d'intervalle. Ils avaient tous en commun d'avoir consacré bien du temps de leurs vies à un engagement communal, politique, syndical, laïque ou mutualiste.

Paul Pratali avait cent ans. Garagiste de métier, il a été membre du club de moto-ball seynois. À 21 ans, il luttait contre les tentatives d'installer le fascisme en France et, en 1935, il militait pour l'élection de Jean Bartolini qui fut le premier député du Front populaire. Résistant, membre du Parti communiste français jusqu'en 1977, il fut élu municipal de 1945 à 1965, occupant la fonction de premier adjoint de Toussaint Merle en 1950. Il s'investit également dans le syndicat des commerçants et artisans et dans l'association des anciens combattants de la Résistance.

Roger Miraglio allait sur ses quatre-vingt dix ans. De commis à directeur de l'établissement toulonnais, il fit toute sa carrière à la Caisse d'Épargne, où il exerça également des responsabilités locales et nationales au sein du syndicat des agents et cadres de la banque. Socialiste SFIO, élu municipal dès 1947, lui qui était en désaccord avec la majorité communiste du conseil municipal admit, après la création du Parti socialiste, la nécessité de la constitution des premières listes d'union de la gauche à La Seyne et siégea comme maire-adjoint de Maurice Blanc en 1983.

René Francheteau, autre socialiste militant à la section des chantiers navals, au sein du CERES qui était alors "l'aile gauche" du parti, avait 83 ans. Il faisait partie de ceux qu'on appelait les "casques blancs", c'est-à-dire les agents des bureaux d'étude, techniciens et dessinateurs. Il militait à la CGT. Promoteur dès 1977 pour l'union des socialistes et des communistes, il fut adjoint au maire de Maurice Blanc. Syndicaliste, il fut aussi cheville ouvrière des Délégués départementaux de l'Éducation nationale.

Ancien combattant, Louis Brémond, est parti dans sa quatre-vingtième année le même jour que René Francheteau. Militant syndicaliste CGT aux chantiers navals où il exerçait à l'atelier de serrurerie, il fut aussi conseiller municipal de 1971 à 1985, sous les municipalités de Philippe Giovannini et Maurice Blanc. Administrateur de l'hôpital George-Sand, il s'investissait également en faveur de l'enfance handicapée. Homme de coeur, artiste peintre, il aimait à accueillir ses amis dans sa propriété rurale du centre Var.

Il me faut associer à ces hommages l'un des compagnons de lutte de ces anciens élus, Jean Cogordan, décédé à 84 ans, qui figurait sur la liste conduite par Maurice Paul en 1995. Militant constant de la CGT des chantiers navals, il était très investi dans le mouvement mutualiste au sein duquel il a œuvré toute sa vie, étant notamment administrateur de la Mutuelle de la Méditerranée et de l'UMGOS.

La Seyne d'aujourd'hui leur doit beaucoup.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois
16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 05:18

http://www.rgimmobilier.com/modules/import-pericles/images/4669-01-8065411-a.jpgLes Journées européennes du patrimoine à La Seyne ont été denses cette année encore. Et, fort heureusement, la pluie ne les a pas trop gâchées. Nous avons, entre autres, inauguré un « chemin de la mémoire du centre ville » permettant de découvrir d’étonnants aspects de notre cité historique. J’ai prononcé une petite allocution à l’attention de ceux qui, guidés par les personnels qui se sont investis dans sa conception et sa réalisation, sous la houlette de Françoise, directrice de la culture et du patrimoine, ont réalisé pour la première fois ce parcours urbain. Quelques extraits...

« Décidément, notre patrimoine est immensément riche. Et si cette année, c'est le Centre-ville qui est à l'honneur, comme je l'ai lu récemment dans la presse locale (que je tiens d'ailleurs à remercier au passage pour l'annonce et la couverture de l'événement !), si donc le centre-ville est à l'honneur, ce n'est en rien pour mésestimer les trésors du sud, les forts, le village Pouillon, le quartier de Tamaris... et du nord aussi.

« Le centre-ville, il faut le dire, à été régulièrement à l'honneur ces dernières années : le pont levant des chantiers, rénové par mon prédécesseur Arthur Paecht, les maisons Bourradet, celle du patrimoine, justement, et celle de l’habitat, la bibliothèque de théâtre, place Martel Esprit. Et puis, cette année, hier, l’îlot Martini dénommé désormais "Place de Seynois de la mission de France".

 

UN MERCI SINCÈRE AUX ASSOCIATIONS D’HISTOIRE ET DE PATRIMOINE

« Que ces quelques mots me permettent aussi de saluer les associations qui œuvrent dans le domaine patrimonial et historique. On ne peut toutes les citer, tant elles sont nombreuses à se mobiliser chaque fois pour ces journées. Elles nous rappellent utilement que la richesse humaine est au moins aussi importante que les pierres, qui ont bien été taillées et posées... par des humains, n'est-ce pas ?

« Parler du patrimoine seynois, c'est également mentionner le travail fait en ce moment avec les anciens des chantiers et l’Éducation nationale pour transmettre la mémoire de la construction navale aux écoliers ; c'est aussi vous dire que le 19 octobre, s'ouvre la grande exposition du Musée Balaguier, "l'envol de l'aigle", qui revient évidemment sur la prise de Toulon par les armées de l'An II parmi lesquelles s'est distingué un certain capitaine d'artillerie devenu très très célèbre... Je rappellerai d’ailleurs qu'une plaque commémorative, en hommage soldats de l'An II orne, depuis la fête de la vile, en juin dernier, l’un des murs du Fort Napoléon, sur initiative là encore, d'une association, "l'Aurore de la République", présidée par Patrick Gabrielli, qui a travaillé avec Henri Ribot que je remercie à nouveau chaleureusement pour leur initiative.

 

UN PASSIONNANT CHEMINEMENT URBAIN EN 10 ÉTAPES

« Pour revenir à ce chemin de la mémoire du centre historique, il est bel et bien, dans le cadre de la  mission globale confiée à la SAGEM, un élément de la réhabilitation du Centre-ville.

« Comme ont pu le constater celles et ceux qui l'ont parcouru pour la première fois ce matin, il vient en continuité avec un autre chemin de la mémoire, qui jalonne depuis 2010 le Parc de la Navale, et il raconte comment, à partir des hameaux d'origine (Cavaillon, Beaussier principalement), le Centre-ville s'est formé autour du port et des activités maritimes. 

« Pour celles et ceux qui ne l'ont pas encore découvert, il se décompose en 10 étapes, 10 "bornes" (des totems métalliques) assorties d'un dépliant qui explicite le circuit. Chaque panneau comporte un « QR code » qui complète les informations figurant sur la borne en lien avec les smartphones. Des traductions sont ainsi accessibles en allemand, anglais, italien, espagnol... et provençal.

« Il met l'accent sur les éléments d'architecture et de patrimoine repérés par les services de la Ville compétents en la matière à partir de leurs connaissances de terrain et des données des historiens locaux tel que Louis Baudouin et Marius Autran ainsi que de l'urbaniste Jean Coignet.

« La réalisation concrète a été confiées à l'entreprise seynoise MANUGRAPH installée à la ZAC des Playes et spécialisée dans la fabrication d'outils de communication. La conception de ce parcours historique est le fruit de la collaboration de plusieurs services : le Pôle « Aménagement du Territoire », la Direction Culture et Patrimoine, le chargé de mission patrimoine, le tout sous l'égide de l'adjointe à la Culture, au Patrimoine et au centre ancien, Florence Cyrulnik. »

Et j’ai ensuite félicité tous les agents de la fonction publique territoriale qui y ont œuvré, et qui sont tout sauf routiniers et blasés, mais au contraire créatifs, bosseurs et surtout passionnés par et pour leur ville !

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois
14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 05:50

130913_place_mission_france.jpgNombreux étaient les Seynoises et Seynois ayant répondu à notre invitation à l’inauguration, ce vendredi, d’une nouvelle place dans la ville historique. Des Seynois de tous âges et riches de leurs diversités. Quelques extraits du propos que j’ai tenu à cette occasion...

« Nous sommes ici aujourd’hui en plein centre-ville pour inaugurer un petit morceau de plus de notre cœur à tous, du beau cœur de notre ville.

« Ce n'est pas rien, une nouvelle place. C'est un espace de vie, un lieu de vie commune. Et, de fait, cette nouvelle place, tout à la fois minérale, végétale et conviviale, beaucoup de Seynoises et de Seynois l'ont déjà, à leur manière, inaugurée : de jeunes étudiants et lycéens, en y faisant tout naturellement une pause, le midi, quelques paroissiens, en y organisant leurs manifestations festives, les touristes et les Seynois, revenant du marché pour une pose à l'ombre de ces savonniers qui  fleuriront au printemps.

« Cette place, nous lui conférons, de surcroît, aujourd’hui, un caractère historique et remarquable, en lui donnant le nom de "place des Seynois de la Mission de France" et aussi, dans un tout autre registre, en lui ayant préservé, chose rare et appréciable, cet arbre, un if, qui nous donne de l’ombre du haut de ces cent ans.

 

LES PRÊTRES OUVRIERS, UN PAN DE L'HISTOIRE DE LA SEYNE

 « J'ai évoqué le nom que nous allons dévoiler tout à l’heure, "les Seynois de la Mission de France". Ce sont des prêtres, bien sûr, dont nous parlons. En quelques mots, permettez-moi de rappeler qu'ils s’engagèrent ici, à La Seyne, dans cette paroisse, à l'image de l’un des leurs, Jean-Pierre Margier, personnalité seynoise appréciée et reconnue pour son infatigable dévouement au service des humbles, pour son immense et inépuisable bonté. Nous lui rendrons un autre hommage, à Berthe, demain matin.

« Ces hommes, et aujourd’hui ces femmes et ces laïcs, de la Mission de France, ce sont les fameux "prêtres ouvriers" qui ont joué un rôle si particulier dans l'histoire de l’Église et de notre pays, par leur engagement aux côtés et au sein même du peuple et de la classe ouvrière.

« La Mission de France, qui sera élevée ensuite au rang de prélature territoriale, mais ça, ce sont des histoires de curés qui ne concernent pas la République laïque, cette Mission de France, donc, aujourd'hui appelée « Communauté Mission de France », connaîtra bien des rebondissements.

« Un temps contestés par la hiérarchie catholique elle-même, les prêtres ouvriers, jugés un peu trop engagés socialement et syndicalement, se verront durant quelques années, assez paradoxalement, interdits d'activité professionnelle.

« Mais en 1965, après le Concile Vatican II, ils seront à nouveau autorisés retourner à l'usine, à la mine... et chez nous, aux chantiers, bien sûr, entre autres entreprises...

« Et c’est cela que nous devons honorer aujourd’hui. Ils font partie de notre histoire, de l’histoire de notre ville, dans sa diversité, dans son incroyable richesse humaine.

« Admettons-le : il eût été injuste de pas leur rendre, en un tel lieu, l’hommage qu'il méritent et qui a pu être dénaturé par certains propos publics.

 

LES MALENTENDUS SONT DERRIÈRE NOUS, L'ESSENTIEL EST L'HOMMAGE

 « Et je voudrais témoigner de la tristesse de leur vicaire général d’aujourd’hui à la lecture récente dans la presse - je le cite - « d’accusations graves » qui ont été portées de chez nous à leur encontre.

« Nous informant que la Mission « est née formellement en 1954 », le vicaire général m’a en effet adressé un courrier expliquant que certaines allusions à des années antérieures relèvent sûrement « d’une méprise », et je me dois de vous livrer un extrait de cette lettre où il me fait part que ces prêtres - je cite -  « se sont engagés dans la Résistance, ont servi la cause de la Paix, notamment au Mouvement de la Paix, ont payé au prix fort leur engagement contre la guerre d’Algérie. Ils ont milité loyalement dans les syndicats, et servi la cause du mouvement ouvrier en ayant exercé des mandats à tous les échelons, y compris au bureau confédéral de la CGT » - fin de citation -. Tout en expliquant un peu plus loin que « ce point n’altère pas l’essentiel, l’hommage que vous rendez aux membres seynois de la Mission de France ».

« Alors cette place... cette place rajoute indéniablement, vous en conviendrez, cachet et caractère à notre cœur de ville, ce qui en fait une vraie réussite et un pas de plus pour la redynamisation de La Seyne. »

 

UN PROJET QUI A MIS VINGT ANS À SE RÉALISER

 J’ai ensuite présenté le projet, débuté au début des années 90 avec les premières préemptions de constructions insalubres et quasiment en ruine, pour lequel il aura fallu plus de 20 ans, l’opiniâtreté de cinq maires successifs, et la mobilisation, chacun à peu près pour un tiers des 1,2 millions d’euros qu’il aura coûté, de la Ville, du Département et de la Région, pour parvenir à son achèvement, expliquant qu’il s'agit « d'un projet global qui a permis une intervention en matière d’infrastructure, d’équipement public, de logement social, de développement économique et d’amélioration de la qualité de vie. »

Et j’ai conclu mon propos en relevant que « La Seyne est une aventure commune et forte, une ville intense offrant une place pour chacun. Je vous engage à ce que ce caractère et l'identité du cœur historique de notre cité restent un incontournable et incessant cheval de bataille. Nous y avons tout à gagner, toutes et tous, mais nous en avons aussi la responsabilité, car c'est ce que nous offrons à nos visiteurs, et ce que nous léguons à enfants, qui se poursuit dès aujourd'hui. »

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois
27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 05:08

http://jcautran.free.fr/archives_familiales/autobiographies/vie_marius_autran/bombardements1.jpgCe lundi a été commémorée, pour la 69ème fois, la libération de notre ville. Raphaëlle Leguen, notre première adjointe, en mon absence, a prononcé une allocution rappelant l’histoire et les faits, et ouvrant vers l’avenir...

« Dans l’esprit des Alliés, le débarquement en Provence est une opération de complément à la grande offensive déclenchée le 6 juin en Normandie.  Les troupes engagées sont essentiellement américaines et françaises, mais sont aussi présents des Anglais et des Canadiens. Sur le terrain, cela a été dit, le général De Lattre de Tassigny commande la 1ère Armée Française. En avance sur son ordre de marche, il libèrera Marseille et Toulon en moins de deux semaines.

« La 1ère Division Française Libre, les Marsouins de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale, la 3ème Division d’Infanterie Algérienne, le groupe naval d’assaut, les commandos d’Afrique, et les commandos de choc, débarquent le 15 août dans le golfe de St-Tropez, dans la baie de Cavalaire et au cap Nègre. Avec eux, luttèrent les combattants de l’ombre descendus de leur maquis.  Le territoire de La Seyne est libéré le 26 août et participe de la stratégie d’encerclement de Toulon pour ce qu’on a appelé la Bataille de Toulon. Commencée le 19, elle est achevée le 27 août.

« En 1944, la situation de la population seynoise est préoccupante, sur les 26.000 résidents habituels, il ne reste que 9.000 habitants.

La population manque de tout, et surtout de pain. A la faim s’ajoute la peur : Le 11 juillet 1944, le bombardement de la ville entraîne une formidable panique dans l’émissaire du Cap Sicié, qui, contre toutes les règles, servait d’abri. On déplore 88 morts. Mais le martyre de la ville devait continuer.

« L’ennemi, aux abois, se livre aux destructions des infrastructures de manière à ralentir les futurs approvisionnements arrière. A La Seyne,  conformément aux ordres donnés par leur État-Major, les troupes allemandes s’ingénient à réduire à néant toutes les installations portuaires : quais, grues, machines, ateliers, entrepôts, cales de lancement... Le 17 août, ce que les bombardements des Alliés n’avaient pu faire, ils allaient le réaliser en quelques heures. Les explosions de mines puissantes ruinèrent la construction navale pour longtemps. Seul le pont basculant est miraculeusement épargné. Sa conservation nous est d’autant plus chère qu’il est une icône reconnue de l’identité de la ville et, aujourd’hui, un magnifique belvédère.

« Les troupes alliées organisent l’encerclement de Toulon. C’est la 9ème Division d’Infanterie Coloniale qui libère La Seyne. Il fallut réduire les batteries de Brégaillon, de Mar-Vivo ; les forts Napoléon et Balaguier ; la formidable batterie anti-navale et anti-aérienne du Peyras. Le 21 août voit la fusillade du poste de police, boulevard du 4 septembre. Le 27 août, la presqu’île de Saint-Mandrier reste la seule position qui désespérément résiste. L’Amiral Ruhfus et son état-major y sont réfugiés. Sur la demande du colonel Puloch du Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc, il se résout à capituler. Il reste à reconstruire La Seyne. Sur les 5902 immeubles que comptait la ville, il y eut 4310 habitations sinistrées dont 277 détruites en totalité.

« Cet été, sur ces mêmes quais et comme les années passées, La Seyne, rayonnante, a accueilli le Tour de France à la voile, organisé des réjouissances estivales et projeté un nouveau port de plaisance… si le martyr de La Seyne, sa libération, sont des souvenirs à commémorer, son renouveau est une préoccupation constante. Vive la Seyne-sur-Mer ! »

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois
16 août 2013 5 16 /08 /août /2013 04:38

130812 plaque cocher avantAprès les évocations du chemin de la mémoire de la Navale, d'un (peut-être, je l'espère) futur chemin de la mémoire des ports, je voudrais, en anticipant d'un petit mois sur les Journées nationales du patrimoine, faire part d'un autre chantier à vocation mémorielle autant que touristique, sur lequel s'affairent encore et toujours les services de la commune, accompagnés de passionnés et érudits locaux : celui de l'invitation à la découverte et l'appropriation active du centre historique de La Seyne. Là encore, sous la forme d'un chemin de mémoire, jalonné de panneaux explicatifs invitant à poser les regards, qui parcourra bientôt les vieux quartiers qui forment le cœur de la commune.

Je ne veux pas livrer ici ce qu'il en sera après l'inauguration, à la mi-septembre, mais juste indiquer qu'un circuit, au départ du Parc de la Navale, prolongera vers la vieille ville le chemin de la mémoire des chantiers navals, et conduira à la découverte des origines de La Seyne, des premiers hameaux, des éléments de patrimoine, d'architecture, et d'anciennes activités économiques. On sera surpris de la richesse des lieux et objets témoins d'un passé de près de 400 ans qui subsistent mais que nous ne savons pas assez découvrir.

Là encore, s'approprier - ou se réapproprier autrement - ce qui est banal de notre quotidien est un moyen de modifier de façon positive l'image de notre ville, faire un peu mentir les incurables bougons qui ne relèvent que les choses qui ne vont pas, les amplifient, ne savent orienter les projecteurs que vers elles, et, ce faisant, nuisent aux efforts que tous les acteurs du centre historique déploient pour soutenir sa redynamisation : des commerçants qui s'adaptent aux résidents qui participent aux concours des "balcons fleuris", en passant par les employés communaux qui conduisent les opérations de réhabilitation et les artistes qui y engagent leur imagination créative dans des animations culturelles et festives.

130812_plaque_cocher.jpgEn avant-première, et sans rien trahir du travail qui s'affine pour ce circuit de la mémoire du centre historique, je ne résiste pas au plaisir de mettre l'eau à la bouche des visiteurs de mon blog en leur offrant deux photos : en haut, celle d'une plaque signalétique que certains auront peut-être remarquée non loin de l'église paroissiale, et, ci-contre, celle de la même plaque qui va retrouver sa place, accompagnée d'un panneau explicatif réalisé par un érudit seynois, Jean-Claude Autran, après avoir été descellée par les personnels communaux et entièrement remise à neuf par un Seynois passionné, Michel Havard, qui a aimablement proposé de se charger du patient travail de réfection...

Parce que la revalorisation urbaine, c'est bien l'affaire de tous ceux, quels que soient leurs statuts et leurs compétences, qui aiment simplement pour de bon La Seyne. Et qui croient vraiment en elle.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Mémoire et patrimoine seynois