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J'ai présenté ce dimanche mes vœux traditionnels aux Seynoises et Seynois. À l'issue de la cérémonie, plusieurs personnes ont souhaité que je leur donne le texte de mon propos. Or je n'en avais bien sûr qu'un exemplaire. J'ai donc opté pour le mettre en ligne, même si je me suis parfois éloigné des propos que j'avais écrits, mais l'essentiel de l'esprit y est...

Mesdames, messieurs,

C'est toujours avec le même plaisir que je vous rencontre, pour ces vœux, que je souhaite adresser aux Seynoises et aux Seynois, au nom du Conseil municipal, à travers vous, les acteurs de toutes forces dynamiques de La Seyne, acteurs économiques, responsables d'associations, institutionnels, bénévoles, citoyens sinon tous engagés, au moins attentifs à la marche de la Cité.

Dès le début de mon mandat, vous l'aurez remarqué, je n'ai pas souhaité faire de ce moment un grand rassemblement. Je le répète cette année, ce fut d'abord pour des raisons financières.

Car je n'ai pas changé, et pour moi la simplicité des vœux n'a jamais été une mode ou une façon de "faire vertueux". Je ne peux pas m'empêcher d'observer que certains, qui avaient supprimé certains fastes, les ont finalement renouvelés. Après tout, peut-être ont-ils fait fortune entre temps... 

Non, je crois qu'il nous appartient plus que jamais de donner l'exemple de la frugalité, si je puis dire, dans le protocole. Dans une ville où la population contribue largement et lourdement aux deniers communaux, cela m'a toujours paru être la moindre des choses. Et pendant deux ans, je le rappelle, nous avons purement et simplement supprimé cette cérémonie.

Et puis, l'an dernier, j'ai proposé à mes collègues élus de la majorité d'inaugurer une nouvelle tradition. Ne plus rien prélever sur le budget du protocole pour la cérémonie des vœux, mais sur nos indemnités, et donc, de reprendre la tradition de vœux aux corps constitués et aux citoyens, et je vous remercie d'être à nouveau présents, nombreux, à notre invitation.

Nous avons voulu aussi nous retrouver en ce même lieu, le chapiteau de la mer. Un lieu symbolique à plus d'un titre, puisqu'il est un lieu de création et de formation artistique bien vivant, qui accueille tout au long de l'année sous son ciel de toile des artistes confirmés et des élèves. Il abrite le talent, la poésie de cette discipline, le cirque contemporain, qui a désormais trouvé chez nous ses lettres de noblesse.

Et ces lettres de noblesse, le cirque contemporain les a acquises en grande partie ici même, à La Seyne. C'est en 1999, je le rappelle, à l'époque de la municipalité Maurice Paul, que nous avons soutenu la création de "Janvier dans les étoiles", qui allait devenir l'un des plus importants rendez-vous du Cirque contemporain en France. 

Le soutien de la commune ne s'est pas démenti depuis, jusqu'à 2013, où La Seyne est devenue, en association avec la grande sœur phocéenne, Marseille, "Pôle cirque Méditerranée", l'un des douze que les arts du cirque comptent dans le pays. Bravo à l'association Théâtre Europe, et merci aux partenaires.

Un lieu symbolique, donc, du rayonnement que notre ville possède déjà et qu'elle peut étendre beaucoup plus loin, puisque Théâtre Europe a le soutien de la commune et de tous ses partenaires, la ville de Marseille, la Région PACA, les conseils généraux des Bouches-du-Rhône et du Var, et l’État bien entendu. 

Dans deux semaines, ce sera la 15ème édition du festival qui s'ouvrira, avec comme d'habitude ses milliers de spectateurs venus parfois de très loin.

Mon premier vœu aujourd’hui sera sans doute que ce chemin se prolonge, avec le spectacle vivant, la culture à la fois exigeante et large, l’expression des talents seynois, qui n'a rien de contradictoire avec la rencontre et les apports artistiques du monde entier...

Oui, car avec ce véritable mouvement culturel et d'animations qui s'épanouit au Centre-ville, avec tous les événements qui y naissent depuis quelques mois, dans le domaine des arts plastiques et de la photo, de la musique, des arts de la rue, du théâtre et de l'écriture bien sûr... tout ce qui amène de la convivialité, de l'intelligence, de la beauté, est vital pour La Seyne.

C'est vital, j'insiste, notamment en Centre-ville,  pour réanimer et reconquérir l'espace public...

Et tout cela, je veux insister sur ce point, est l’œuvre, d'acteurs locaux. Il faut que cet élan se poursuivre. C'est un vœu pour La Seyne. Je me méfie des vœux pieux, vous le savez. Ceci est un vœu "réaliste", pourrait-on dire, presque pragmatique, puisqu’il parle d'un avenir prenant racine dans ce qui existe déjà. 

Que l'on travaille, chacun, pouvoirs publics, acteurs de l’économie et du commerce, associations culturelles, sportives, éducatrices, environnementales, patriotiques ou solidaires, comités d’intérêt local, comme on le fait depuis plusieurs mois, entre chantiers de propreté, Zone de sécurité prioritaire, espace accueil jeunes, lieux publics et privés de culture et de partage d'idées...

Que se mêle, en une seule et même démarche, rénovation urbaine, qualité de vie, culture, efforts pour la sécurité et le civisme... cela ne tient nullement du hasard, car une ville se bâtit dans toutes ses dimensions, pas à pas, unissant dans l'effort tous les bras et toutes les intelligences.

Alors, au moment où l'on approche, en 2015, du terme du Programme de rénovation urbaine de Berthe, tous ces actes, publics ou privés, individuels ou collectifs, peuvent converger et être menés à un niveau bien supérieur.

C'est pourquoi, vous le savez, saisissant l’opportunité d'un Nouveau programme national de renouvellement urbain qui doit faire l’objet d’une toute prochaine loi, nous nous sommes portés candidats avant l’heure, avec à l’esprit, je dois le dire, pour cette fois-ci, un Plan de renouvellement urbain... du Centre-ville.

Je n'aime pas du tout me citer. Mais beaucoup d'entre vous le savent : j'écris régulièrement, chaque jour pratiquement, sur un blog que j'ai créé il y a quelques années.

J'ai voulu rendre un hommage, fin décembre, à la veille de la nouvelle année, à douze femmes, à douze combattantes qui ont disparu en 2013 et qui marqueront l'histoire de l'Humanité.

Douze citations de ces grandes actrices, souvent méconnues, de l'histoire. Douze femmes, douze courages, avec le vœu, encore un, que nous nous nourrissions de leur exemple pour 2014.

Car, comme Aragon a créé cette formule à la fois légère et tellement lourde de sens, vous savez... "la femme est l'avenir de l'homme", autant que ces femmes du Monde nous accompagnent dans nos vœux.

Je retiendrai deux citations, dans deux registres différents, tout d'abord Celja STOJKA, Autrichienne (née en 1933, décédée en janvier 2013), écrivaine, peintre et musicienne rom, rescapée des camps de concentration nazis.

Je la cite : « Si le monde ne change pas maintenant, si le monde n’ouvre pas ses portes et fenêtres, s’il ne construit pas la paix – une paix véritable – de sorte que mes arrière-petits-enfants aient une chance de vivre dans ce monde, alors je suis incapable d’expliquer pourquoi j’ai survécu à Auschwitz, Bergen-Belsen, et Ravensbrück. »

Et puis cette autre pensée, brève et percutante celle-là, et qui me paraît singulièrement d'actualité. Il s'agit de Rosalía MERA GOYENECHEA, Espagnole, (née en 1944, disparue en août 2013), femme d’affaires, fondatrice de la marque d'habillement Zara. Elle dira en soutien au mouvement des indignados en Espagne...

« Le capital doit se mettre au service des autres »...

Et, après l'année où Nelson Mandela et Stéphane Hessel se sont éteints, comment ne pas souhaiter pour l’année 2014 des combats citoyens, des combats pacifiques, des combats honorables...

Une autre manière d'agir et de se comporter en politique. Une vision à la fois élevée et pragmatique de la politique où, sans renoncer à ses convictions, sans tricher, sans mentir, on privilégie l'unité. Le travail en commun. Au-delà des différences, dès lors qu'il y a respect mutuel.

Un autre vœu, finalement, après une année où le grand "Madiba" a disparu en laissant un héritage que l'on n'est pas encore en capacité de mesurer : que La Seyne ne fasse pas les frais de la démagogie et de la division.

Élections municipales, puis élections européennes, il y aura matière pour les citoyens à faire entendre leur voix.

On a vu, récemment d’ailleurs, ici à La Seyne, trois associations prendre l’initiative de créer des moments de débat public pour les municipales, mais aussi pour après, d'après ce que j'ai compris. Vous voulez que je vous dise ? Je trouve cette initiative très saine et encourageante pour nous, les politiques.

Il y a ceux qui y verront une occasion plus de se faire engueuler. Pour moi, personnellement, chaque espace de rencontre, chaque temps de parole et d’échange, est bon à prendre. 

La parole devant et avec le public est importante. Car elle doit, - enfin, elle devrait, en principe -, être mesurée, étayée, fondée sur des faits avérés...

Et ce moment, aujourd'hui, est d'ailleurs l'un de ces moments.

Un moment un peu particulier certes, s'apparentant à une prolongation de la trêve des confiseurs, ou à un œil du cyclone, pour ceux qui préfèrent filer la métaphore météorologique.

Un espace-temps, où les vents, parfois violents, de la polémique se taisent, et laissent place au bruissement des conversations amicales, des échanges de vœux, de bons vœux.

Je vais pourtant, sans hausser le ton, vous entretenir de cette question qui a un peu défrayé la chronique locale, depuis jeudi dernier : le risque d’annulation de l’autorisation des jeux du casino de La Seyne et de celui de Sanary.

Nombre d'entre vous doivent savoir, à la lecture de différents médias, qu’une menace pèse sur cette autorisation qui été accordée par le ministère de l'intérieur. C'était d'ailleurs, à l’époque, le ministère de Claude Guéant, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Et ça a été confirmé sous celui de Manuel Valls, au moment d’autoriser le transfert du casino des Sablettes vers le futur site des anciens chantiers. Au tribunal administratif, est en suspens cette décision, qui oppose un groupe concurrent de notre délégataire, le groupe Joa, à l'Etat.

Même si la municipalité n'a rien à voir directement avec cette décision (tous les grands dossiers en cours de ce point de vue sont irréprochables, et je tiens au passage à saluer le travail de l'administration municipale), j'estime la situation assez grave pour vous en dire quelques mots.

Selon la formule consacrée, il ne m'appartient pas, en tant que maire, de commenter une décision - ou ce qui n'est pas encore une décision, disons une procédure de justice. Mais comme je le disais vendredi au personnel municipal : quel maire serais-je, si ne tirais pas la sonnette d'alarme ?

Premièrement, sachez bien que le problème soulevé est d’ordre de la méthode. Rien ne peut être opposé sur le fond à la démarche d'équipement et de développement que nous avons engagée, en partenariat avec notre délégataire, le groupe JOA, qui lui-même est irréprochable dans cette affaire.

C’est un élément minime de la procédure suivie à l'époque par le ministère de l’Intérieur qui est contesté par un groupe concurrent, installé notamment à Bandol.

Mais ce qui se passe vraiment, c'est que l'on on joue contre la Ville, contre l’emploi, contre l’économie, contre le développement du territoire.

Car, annuler cette autorisation, ce serait bien sûr faire perdre 60 millions d’euros à la ville, l’empêchant par exemple d’amorcer sa baisse de l’imposition, mais aussi et surtout frapper la dynamisation économique à son cœur, mettre au chômage 60 salariés actuels, empêcher l’embauche de dizaines d’autres en 2015 pour le nouveau casino, enlever du travail et d’autres emplois aux entreprises du BTP, et tant d’autres emplois induits du centre de la ville, inquiéter les autres investisseurs du port de plaisance et de l’atelier mécanique, priver La Seyne d’une salle de spectacle de 700 places, d’un hall d’exposition et d’une bibliothèque.

Dans la situation dans laquelle nous sommes, je laisse juge l’opinion : une annulation pour un problème de formulation d’un arrêté administratif serait un vrai scandale !

Je ne vais pas être trop long sur ce point mais je veux simplement vous dire ce que je vais faire s’il devait y avoir annulation.

- nous « entrerions dans l’instance », selon l’expression consacrée : la Ville aurait dû être appelée à la barre et elle ne l’a pas été. Je vais donc me constituer "tierce opposition"...

- nous attaquerions l’État en responsabilité pour faute lourde,

- et, dès à présent, je soutiens bien évidemment notre délégataire et j’agis avec lui en vrai partenaire, comme nous l’avons toujours fait.

Mesdames, messieurs, l'an dernier, ici même, nous projetions le film sur les 12 ports de La Seyne, pour le concours "La mémoire des ports". Un an a passé, le 13 ème est en route, le port Michel Pacha. Un nom proposé par le délégataire que nous avons approuvé car il fait la jonction entre les différentes identités maritimes de notre ville. Sur le site des anciens chantiers navals qui achève sa mutation, La Seyne fière de ses héritages, La Seyne poursuit sa route...

Samedi prochain, une autre délégation de service public sera, elle, finalisée, puisqu'on inaugurera à 11h, le nouveau crématorium de La Seyne. Le nouveau cimetière, quant à lui suivra de près.

Vous y êtes conviés, samedi prochain, bien entendu, enfin conviés... je veux dire... sur vos deux pieds, et sans précipitation, n'est-ce pas...

A chacun de nos vœux, pour les différents maires qui se sont succédé, ce moment un peu solennel est l’occasion de penser à l’avenir de La Seyne.

Mais la période, vous le savez, m'empêche d'entrer dans le concret, c'est normal. C’est la loi électorale : pas de bilan ni de projection...

Sans que cela n'infère le moins du monde sur la glorieuse incertitude du scrutin ni sur la nécessaire retenue du maire en exercice, rien n'empêche en revanche de constater que La Seyne a grandi. Grandi en nombre, de 6000 habitants, face à Toulon, qui voit légèrement infléchir sa démographie, La Seyne est repérée par les observateurs pour son dynamisme...

Elle change à la fois sa réalité et son image, reconquiert finalement ses friches urbaines ou industrielles mais aussi ses "friches naturelles". Le domaine de Fabrégas, acquis par le Conservatoire du littoral qui nous en a confié la gestion, va redevenir ce qu'il fut : un espace où rien n'oppose l’épanouissement des forces naturelles et l'intervention mesurée de l'homme... La réouverture au public, certes mesurée, accompagnée et gérée, cet été, de la Corniche merveilleuse... Tout cela, plus la valorisation du patrimoine architectural et historique... Peu à peu, mais à rythme continu, se dessine une identité seynoise du XXIe siècle...

Et, comme vous, j'ai encore en tête les belles images de la campagne de promotion de La Seyne, cet été, et dont il y a d’ailleurs encore des étuis contenant les différentes cartes postales...

Ce n'étaient pas des images de fiction, c'était tout simplement l'expression de notre fierté. C'était tout simplement les Seynois que nous sommes qui prenons chaque jour pleinement conscience que notre ville vaut le coup, malgré ses difficultés et les problèmes qu'il serait simplement stupide de nier. 

Mesdames, messieurs, après ces quelques mots, il me reste à vous souhaiter, très chaleureusement, à toutes et à tous, une belle année 2014.

J'ai bien sûr avec vous une pensée pour celles et ceux qui vivent la maladie, le deuil, la souffrance d'un quotidien dans lequel ils doivent chaque jour trouver le courage de vivre et d'avancer...

Bonne santé, du bonheur et de la réussite pour vous-mêmes, pour tous vos proches, et pour ces institutions que beaucoup de vous portez à bout de bras, commerciales, économiques, industrielles, associatives et sociales, dans un bel engagement citoyen et républicain.

Car, oui, vive la République en 2014.

Et vive La Seyne.

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